Le Divin ne s'offre qu'à ceux qui s'offrent eux-mêmes à la Divinité.
Sri Aurobindo


Toutes choses sont des déploiements de la connaissance divine.
Vishnou Pourâna, 2.12.39


Toute la vie est un yoga.
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas - I.




samedi 21 novembre 2009

LA REVOLTE DE LA TERRE



LA RÉVOLTE DE LA TERRE

PERSONNE n'avait-il donc trouvé la clef ? Tout de même, il y a eu Socrate :
« Connais-toi toi-même. »
Ils ont assassiné Socrate.
Tout de même, il y a eu Prométhée qui voulait apporter le Feu divin aux hommes. Un mythe ?
Symboliquement, on pourrait dire qu'en l'an 399 avant Jésus-Christ, le jour de la ciguë de Socrate, l'Occident a pris un tournant fatal. Ce jour-là, nous nous éloignions irrémédiablement
de la clef. De cet îlot de Beauté et de grâce, qui avait pris pour devise To kalon to epieikes,
« ce qui est beau est vrai », nous allions être pris lentement par la barbarie romaine dont le cri résonne encore maintenant à travers nos cinq continents : panem et circenses, « du pain et du cirque », puis, plus lentement encore mais plus insidieusement, par une Église tentaculaire qui se voulait l'inverse de la brutalité romaine mais aboutissait tout de même à quelques bûchers terribles et nous enfermait dans une connais­sance toute faite et commandée par Dieu, dont la seule issue possible était la révolte matéria­liste, et la plongée dans une certaine crasse humaine.
Cette crasse, nous n'arrivons pas à en sortir, en dépit de nos triomphes... abrutissants.
Nous avons davantage de « pain », peut-être, mais du « cirque » en quantité, télévisé et radiodiffusé, qui semble propager le meurtre et la violence comme si elle éclatait partout, de notre peau même de ce corps animal inconnu dont nous croyons avoir répertorié toutes les lois et verrouillé le moindre atome comme une tombe dans notre nouvelle Église scientifique. Mais c'est une prison et ses mira­cles sont cruels. C'est une Bastille plus suffocante que celle des Capétiens ou de l'Inquisi­tion. Nos meurtres et nos violences, nos dro­gues, nos virus, sont un cri de la Terre, une ultime révolte contre nous-mêmes, faute d'avoir trouvé notre sens, comme la révolte matérialiste l'était contre la prison ecclésiasti­que, mais plus radicalement encore et jusqu'au fond de nos cellules.
Après le Moyen Âge religieux et scientifi­que, y aura-t-il l'Âge de la Brute, tout simple­ment ? Il ne faut pas se tromper, nous ne sommes pas à la fin d'une « civilisation », comme, un jour, nous étions à la fin de l'Empire Romain : nous sommes à la fin de l'Empire Humain, tout simplement.
Mais l'Homme a-t-il jamais été ? L'Homme n’est peut-être pas encore ? Il lui manque la clef de son secret physique, évolutif, qui le délivre­rait à tout jamais de ses diables et de ses dieux — et de sa prison mortelle. Une évolution ne peut pas s'arrêter jusqu'à ce qu'elle ait trouvé tout son secret : c'est dans la semence même, dans nos cellules mêmes, qui sont peut-être faites d'autre chose que de ce grimaçant acide désoxyribonucléique, dont nos Sorciers se tar­guent. Et les convulsions mêmes de notre âge sont peut-être faites pour nous obliger au Secret.
Il y a d'étranges conjonctions, parfois, dans l'histoire, comme dans les planètes, qui nous font saisir de grandes courbes du devenir humain — et ses impasses.
Lorsque Socrate est né, le Bouddha, à quel­ques années près, venait d'entrer dans le Nir­vâna et Eschyle était en train de composer son Prométhée. Trois grandes semences humaines dont la dernière reste mystérieuse et inconnue. Presque en même temps.
On pourrait dire aussi qu'avec le Nirvâna du Bouddha, l'Asie a pris un tournant... que l'on ne pourrait appeler « fatal » comme celui de l'Occident parce qu'il était doux et bon et compatissant, parce que, déjà, il enjoignait ces « insensés », comme disait le Bouddha, de trouver leur sens et leur réalité. Mais cette « réalité » projetait l'Asie dans une courbe sans issue, du moins terrestre, puisqu'elle nous renvoyait à un néant dont nous n'aurions jamais dû sortir, sauf par quelque aberration, dont nous ne saurions dire si elle est de Dieu, du Diable ou de notre fabrication.
Mais bientôt notre science matérialiste allait niveler tout cela, égaliser l'Est et l'Ouest dans un même bain bourbeux et utilitaire qui couvre désormais tous nos continents.
Certes, on peut encore se livrer à de bonnes méditations en chambre et à des « libérations » individuelles — rien n'empêche, et c'est rafraî­chissant au milieu de notre monde désordonné —, mais la Terre reste enchaînée, comme Prométhée sur son Caucase, et l'osmose bour­beuse ne laissera bientôt plus une conscience debout. Parce qu'il ne faut pas se tromper non plus : l'îlot de Beauté ne survit jamais à une Barbarie environnante — pas plus le Tibet qu'Athènes.
Et cela gagne, n'est-ce pas : nous sommes déjà aujourd'hui plus de cinq milliards. C'est un peu effrayant.
Reste Prométhée.
Mais cette semence est encore à l'état de mythe ou de poésie, c'est un indice illumina­teur sur une piste très brouillée et complète­ment intellectualisée, et nous avons besoin d'un chemin concret, d'un secret concret, d'un levier évolutif qui nous fera faire le pas, en dehors d'une nouvelle période glaciaire ou d'une Apo­calypse — qui ne changeront rien parce qu'il faudra tout recommencer jusqu'à ce que nous soyons arrivés au secret de nos cellules. Il n'y a rien de plus implacable qu'une cellule, c'est l'obstination même et les milliards d'années ne comptent pas.
Pourquoi pas maintenant ? Justement parce que nous avons frappé à toutes les fausses portes possibles.
Le Feu...
Prométhée voulait apporter le Feu divin aux hommes. Et où aller le chercher puisque tous les secrets de l'Inde nous renvoient à la Trans­cendance ?
Pas tous.
Longtemps avant les Grecs, fort longtemps avant le Bouddha et les Oupanishads, et peut- être même avant la première dynastie égyp­tienne, quelque trois ou cinq mille ans avant notre jeune Christ, sur les sommets de l'Hima­laya, il y avait d'étranges chantres, que l'on appelait rishis, qui ont laissé leurs hymnes et leur secret aussi intacts que ceux des hypogées et des fresques de Thèbes, puisqu'on les répé­tait et les répétait, de père en fils et de maître en disciple, en respectant la moindre intonation comme il se doit de toutes les formules sacrées et de ces hymnes, que l'on appelait Veda, il est resté un certain Rig-Veda, consacré au Feu divin, Agni, et déchiffré par Sri Aurobindo, comme les hiéroglyphes par Champollion. Mais « déchiffré », non pas à l'aide de quelque « pierre de Rosette », ni même à l'aide de quelque connaissance supérieure : déchiffré et retrouvé par l'expérience même du corps et des cellules de Sri Aurobindo — « Ah ! c'est ça ». C'est ça, le sens ! Les cellules reconnais­sent. On peut penser tout ce que l'on veut, mais le corps a sa manière de reconnaître sa mère.
Ô Feu, tu es le fils du ciel
par le corps de la terre...
0 Feu, tu es le fils des eaux, le fils des forêts, même dans la pierre tu es là pour l'homme.
Rig-Veda, 111.25.1 et 1.70.2.
Il y a un secret là. Et ceci :
Nos pères, par leur cri, brisèrent les places
fortes et réfractaires ; par leur cri, ils mirent en
[pièces le roc
de la montagne, ils firent en nous un passage...
et découvrirent le Jour et le monde solaire.
Rig-Veda, 1.71

LA VIE ET LA MORT

DANS quelle direction chercher ?
Jusqu'à présent, la « direction » était toute faite pour nous, ou les espèces qui nous ont précédés : la Nature nous précipitait dans les conditions voulues et il n'y avait rien à chercher — c'est le corps qui « cherchait » et se débat­tait comme il pouvait au milieu d'un tremble­ment de terre, une inondation, une sécheresse, un bouleversement de nos moyens nourriciers ou respiratoires, ou quelque astéroïde qui venait nous enfouir sous une période glaciaire.
Mais dans tous les cas, c'est le corps qui cherchait.
Aujourd'hui aussi, c'est le corps qui cherche, mais d'une autre façon parce qu'il est complètement enfoui, non plus sous une période glaciaire, mais sous une période technique et scientifique et médicale qui l'étrangle complè­tement et le prive de ses propres moyens — on pourrait dire : de sa propre connaissance de lui-même. Mais il se pourrait bien aussi que cette période de sorcellerie, ou de faussaires plutôt — c'est le temps des faussaires et des truqueurs —, fasse partie des moyens de la nature et nous étouffe d'une façon assez hideuse pour nous obliger, ou obliger quelques asphyxiés spéciaux (!), à trouver la clef évolu­tive. La vraie. Celle du début de toute cette histoire. Il n'a jamais fallu beaucoup de « monde » pour faire le nouveau pas d'une espèce : il suffit d'une faille dans la vieille cuirasse accoutumée — quelques-uns passent et c'est un autre monde.
Une faille, un défaut justement. Tant que cela roule et marche ou vole ou nage dans le même bain, on « améliore » le bain et les conditions du bain, mais on est déjà une espèce stationnaire ou en voie de régression — ou de destruction spontanée, comme l'annonce notre virus anti-humain.
Et Dieu sait que notre période dite humaine est pleine de défauts ! que notre science et nos religions essayent de calfater tant qu'elles peu­vent, mais notre navire est en perdition, plus nous voulons améliorer nos conditions, plus elles nous alourdissent ; plus nous voulons recti­fier nos erreurs, plus elles renforcent la prison ; plus c'est « merveilleux », plus c'est dégoûtant.
Il ne s'agit pas d'améliorer ce « bain »-là.
Et alors, où chercher ? Comment chercher dans... quelque chose qui n'existe pas encore ?
Si le poisson avait eu l' « idée » de chercher, peut-être aurait-il passé le nez en dehors de ses eaux, mais il aurait tout de suite vu ou compris dans ses branchies que c'était la mort. Pour chaque espèce, le passage à « autre chose » est une sorte de pas dans la mort — ça n'existe pas, et il faut que ça existe !
Alors, peut-être, la mort fait-elle partie des conditions à explorer. C'est par là qu'il faut passer le nez, et si possible tout le corps.
Mais que savons-nous de la mort ? Rien justement, sauf ce que nous en disent les savants et les sorciers et les prêtres du vieux bain, qui sont seulement les pontifes de la
vieille Prison, ou plutôt les gardiens de la vieille Prison, et qui vous déclarent péremptoirement qu'en dehors de ces barreaux scientifiques et médicaux c'est la « mort » — c'est simplement la mort de leur science, c'est tout. C'est simple­ment les conditions de leur vie dans la prison, c'est tout. Le pape des poissons n'aurait pas parlé autrement.
Et nous nous trompons complètement parce que nous considérons la mort comme une sorte de cadavre qui eu la malchance de ne pas suivre la prescription médicale ou d'être passé par hasard sous les roues d'un camion.
Et puis, de l'autre côté des barreaux, c'est le ciel, ou l'enfer, selon les vertus ou les péchés du vieux bain. Ou c'est « rien » ; mais depuis le temps qu'il y a eu de ces « rien » à mourir, il s'est tout de même produit des espèces nom­breuses.
Mais s'il y avait autre chose de l'autre côté de nos barreaux ? S'il y avait un autre Soleil ? comme celui des petits amphibies sur le sable.
Et comment passer de l'autre côté tout en restant vivant ?... Tout de même, à chaque passage évolutif, il y a eu une sorte de mourant qui est resté vivant. Un premier mutant qui trotte, rampe ou se tortille.
Chaque passage passe par la mort, ou une mort.
Chaque mort s'ouvre sur une nouvelle forme de vie.
Les rishis védiques parlaient du « grand passage », mahas patah.
C'est peut-être bien la première direction dans laquelle il faut chercher — mais « cher­cher », non pas avec les moyens des faussaires, non pas avec des microscopes et des éprou­vettes et des théories : chercher dans son propre corps.
Chercher la mort ? dans son propre corps ?
Et est-elle, en dehors de nos catalogues médicaux ? En quel lieu du corps se cache-t-elle?... Si l'on veut se battre avec un ennemi, il faut bien l'attraper quelque part, par quelque pan ou pli ou défaut de sa cotte de mailles.
Il n'y a pas à « chercher la mort » : elle est toute là. C'est la plus présente et la plus invisible des choses.
Les grandes découvertes sont tout à fait simples, et complètement incompréhensibles parce qu'elles contredisent une évidence si fondamentale, enfin si « naturelle » que... cela ne correspond à rien dans la conscience.
Si l'on avait dit au paysan du Moyen Âge « La Terre est ronde », il aurait ouvert des yeux ronds, se serait gratté la tête et aurait dit : « Aah ! p' têt' ben qu'oui ! Mais mon champ reste plat. Et dans tous les cas, ronde ou carrée, on marche dessus, c'est le principal. »
J'ai passé quelque vingt ans près de Mère, et il y a une sorte d'énormité que je n'avais jamais comprise, comme le paysan du Moyen Âge. Un jour, comme je faisais quelque réflexion à Mère, Elle s'est exclamée : « Mais c'est mon expérience constante que la vie et la mort c'est la même chose ! »
J'avais cru comprendre que l'état qu'on appelle « vie » et l'état qu'on appelle « mort » (de l'autre côté d'une certaine tombe et d'une certaine terre ronde), c'était la même chose : il y a une vie après la mort, et cette vie-là est aussi vivante que la nôtre. C'est bien entendu ! et il faut être tout à fait primitif pour ne pas le savoir, mais c'est une autre histoire. Mais ce n'est pas cela que Mère voulait dire ! Elle voulait dire... que notre vie est la mort même : il n'y a pas « de l'autre côté », on est en plein dedans ! Ou, pour dire les choses autrement :
on est du mauvais côté et la vie n'est pas encore.
Pour l'être que j'étais il y a quinze ou vingt ans, c'était incompréhensible. Mon champ res­tait plat. Et pour les êtres complètement intel­lectualisés que nous sommes, c'est une sorte de jeu de l'esprit, une jonglerie de mots : on prend le blanc et on dit « c'est noir ». Ou on prend le noir de notre vie et on dit « c'est blanc ». Et qu'est-ce que cela change ?
Mais ça change tout !
On ne peut pas comprendre cette découverte fondamentale (et comprendre n'est rien si cela ne devient pas un moyen d'action) à moins de se dévêtir de l'intellect et d'être à l'état de corps pur et simple, ou à l'état d'animal fonda­mental que nous sommes sous nos vêtements divers ; c'est-à-dire un état physique que nous ne connaissons pas du tout, et qui, pourtant, contient notre secret. Si un animal quelconque, un poisson par exemple, pouvait sentir que son état est mortel, comme Mère sentait que son état était mortel, cela voudrait dire qu'il con­naît déjà un autre état que, précisément, il respire comme la vie. C'est par rapport à cet état nouveau qu'il pourrait dire : « Je suis ou j'étais dans la mort. Ma vie aquatique est un état de mort par rapport à cet autre Soleil. »
Mais ce que voulait dire Mère — et je l'ai compris seulement après, quand je me suis mis moi-même à l'œuvre, lorsque j'ai touché un peu la matière nue, le corps dénudé de ses artifices et même de ses atavismes, parce que, ne nous y trompons pas, même un bébé naît tout revêtu —, ce que Mère voulait dire est encore plus fondamental ou radical que cela ! Ce n'est pas seulement la vie d'une espèce donnée qui est une mort par rapport à la prochaine vie d'une autre espèce, comme la mort du poisson est la vie du petit lézard qui trotte au soleil — non ! pas du tout.
C'est toute la vie, tout ce que nous appelons « vie » depuis les premières algues bleues du Groenland ou les premières annélides — enfin ce que nous appelons la première vie sur la Terre —, qui est un état de mort. La vie n'est jamais née ! Elle n'est pas encore. Depuis l'aube de l'existence sur la Terre, la mort nous a saisis et elle nous dévore insatiablement d'une espèce à l'autre — c'est-la-mort-qui-vit.
« Mais ma Terre reste plate », dira le paysan intellectuel que nous sommes.
Laissons les paysans scientifiques à leur igno­rance, mais pour nous, pour ceux qui cher­chent, pour ceux qui asphyxient et marchent mal sur cette Terre ronde, c'est une clef colossale.
Il y a quelque chose de physique — Mère était parfaitement physique et dotée de quatre-vingt-quinze ans d'expérience humaine —, quelque chose de physique, dans un corps de notre espèce animale, qui est l'aube de la première Vie sur la Terre et que Mère connais­sait, et que j'ai appris à connaître après. Quelque chose que nous ne connaissons pas du tout et qu'aucune espèce n'a jamais connu, et qui va révolutionner la Terre — changer la face de la Terre. Sri Aurobindo disait bien : « Une révolte contre la Nature universelle tout entière. »
Nous sommes dans un certain camp de concentration terrestre invisible, et dans ce camp de concentration (très vivant pour nous), nous observons un certain phénomène que nous appelons « mort », et nous disons : c'est le typhus, c'est l'épuisement, c'est la méchan­ceté de ce vilain voisin, ou c'est un accident d'automobile, ou c'est le cœur, le foie, le cancer et un certain âge, et que sais-je. Mais ce n'est pas vrai ! Ce ne sont pas les maladies, l'âge ni nos données physiologiques qui font la mort : ce sont les MURS du camp de concentration qui font la mort de tout ce qui est à l'intérieur des murs.
Mais ça change tout ! Cela change tous nos moyens d'action. Ce ne sont pas trente-six mille sortes de pénicilline à inventer ni trente-six mille ailes supersoniques ni nos innombra­bles « trucs » pour pallier notre infirmité radi­cale : il faut guérir des MURS. Et tout est guéri. Il faut sortir du Camp, et c'est la Vie... libre.
Le salut est physique, disait Mère.
Nous sommes dans un certain donjon noir, invisible de nous et universel, et dans ce donjon nous allons comme d'habitude, c'est notre jour et notre vie, et nous faisons toutes sortes de découvertes « merveilleuses », nous avons même vu tout l'univers... à travers les murs de notre donjon, et nous nous sommes servis des ingrédients du donjon pour fabriquer des « miracles », atomiques et électroniques et médicaux, et que veut-on, nous pouvons même voler dans les airs du donjon et nous livrer à quelques tripotages génétiques pour améliorer notre espèce nocturne — et puis le donjon s'écroule.
Et c'est autre chose. Complètement autre chose.
Nous n'étions jamais nés, nous n'avions jamais été des « hommes » — nous étions seulement des nyctalopes, comme les axolotls dans les lacs souterrains du Mexique. Nous n'avions jamais vu le jour, nous n'avions jamais vu la vie, nous étions des morts vivants.
Et nos murs s'écroulent.
Et c'est une autre Terre.
Et ce sont « d'autres cieux », comme l'avait vu Jean de Patmos.
Et c'est le Jour, comme l'avaient vu les rishis védiques il y a cinq ou sept mille ans :

Ils mirent en pièces le roc de la montagne
par leur cri... Ils firent un passage en nous.
Ils découvrirent le Jour et le monde solaire...
La montagne féconde s'ouvrit en deux [notre
matière, notre donjon]
La naissance suprême est sortie.
Le ciel s'est accompli .
Rig-Veda, 1.71, V.45.
Littéralement le Veda ne dit pas la montagne « féconde », mais la montagne « enceinte », comme une femme est enceinte.

Ô Voyants,
Tissez l’œuvre inviolable,
DEVENEZ L’ETRE HUMAIN,
Créez la race divine,
Aiguisez les lances lumineuses
Pour tailler le chemin
Vers cela qui est immortel.
Rig-Veda, X.53 sqq.




SATPREM

LA RÉVOLTE DE LA TERRE

SRI AUROBINDO ET L'AVENIR DE LA TERRE

L’HÉRITAGE SPIRITUEL DE SATPREM