Le Divin ne s'offre qu'à ceux qui s'offrent eux-mêmes à la Divinité.
Sri Aurobindo


Toutes choses sont des déploiements de la connaissance divine.
Vishnou Pourâna, 2.12.39


Toute la vie est un yoga.
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas - I.




ॐ Entretiens avec Jacques La Maya

Ceci est une retranscription extrait d'un entretien téléphonique avec Jacques La Maya,
alors âgé de 94 ans et habitant Roubaix, j'avais 22 ans et j'habitais Toulouse.
Ces entretiens, que j'ai enregistré à sa demande, ont duré de Mars à Juin 1997.

(Mes commentaires post-conversation sont en italiques).

Question:
Pourquoi Jacques à la place de Jules?

Réponse:
Ah Ah, ça! Ah, tu poses là une formidable question. C'est très simple, c'est parce que un jour (je vais aller vite) en 1936 une élite française, des gens très riches, se sont dit: "On devrait avoir chez nous un missionnaire, un représentant authentique de l'Inde". Parce que eux ils où on lui demande, ils n'envoient pas de missionnaires de force. Alors ils ont fait venir la mission Ramakrishna, elle a dit:"nous désignons le Swami Siddheswaranda". Ce Swami Siddheswaranda ne connaissait ni les habitudes françaises, ni la langue. Alors il se trouve qu'il y avait un monsieur qui s'appelait Marcel Sauton (admire que je ne rate aucun nom, hein), Marcel Sauton et sa femme, qui était un attaché commercial. Alors on a dit" allez avec le ménage Sauton". Et quand ils sont arrivés ici et que lui a été opérationnel, et bien les méchants Allemands étaient là. Il était bloqué à Lavaur dans le Tarn . On a su à Toulouse que ce Swami était là et on lui a dit:"venez donc faire des cours libres sur le Yoga Vedanta", et il est venu et il a fait ses cours qui ont été imprimés. Tout ça en pleine guerre, j'étais toujours ici moi (à Roubaix) chef opérateur de cinéma. Et bien qu'est-ce qui s'est passé? Il s'est passé que dans les cours que faisait ce Swami Siddheswaranda il disait " l'homme est dieu, il l'ignore, il ignore qu'il est Dieu et on ne sait pas d'où vient cette ignorance". Moi je venais de l'apprendre avec ma page 33
Jacques La Maya en cherchant un livre dans un librairie en fait tomber un par inadvertance, en le ramassant il ouvre une page par hasard qui est un commentaire de l'Isha Upanishad de Sri Aurobindo.
C'est la révélation.
Cette page 33 correspond actuellement à la page 34 du livre de Sri Aurobindo:
"Trois Upanishad, Isha, Kena, Mundaka" aux éditions Albin Michel). Alors j'ai écrit. Le miracle a été qu'il a reçu ma lettre. Quand il a reçu ma lettre il s'est dit "y a là bas un chef opérateur de cinéma qui par ailleurs va m'expliquer cette chose si importante: le double mouvement de Brahman". Alors il m'a simplement répondu une lettre: "EXPLAIN" (expliquez). Et j'ai écrit une lettre enthousiaste, peut-être même pas très différente de celles que je peux écrire maintenant. Alors évidemment il a dit: "formidable, extraordinaire, dès qu'on pourra se voir on va se voir". La guerre étant terminée, les méchants Allemands parties, monsieur Marcel Sauton était mort comme un saint d'un cancer de la gorge et il était avec madame Sauton qui servait de dame de compagnie. Et finalement il est venu s'installer à un endroit que l'on appel Porte Dorée près du zoo de Vincennes. Et je suis allé là et quand je suis arrivé, il me dit: " regardez: là dans cette pièce c'est des ouvriers de chez Renault, vous voyez l'Inde attire de toutes sortes, et là et bien ce sont des artistes de cinéma, saluez-les"(parce que j'avais dû les voir à l'écran). Bon alors on a parlé un petit peu, ils étaient assez surpris ces artistes, qu'est-ce que je venais faire là? Parce que je lui explique, je viens lui expliquer quelque chose de capital pour comprendre l'action divine dans le monde. Ils ont été très surpris, hein, si j'avais eu ma carte je serais rentré en rapport avec plein de grands artistes. Toujours est-il qu'il a fait partir tout le monde, il a dit "pas de téléphone", on est entrée dans sa pièce principale, il s'est assis par terre sur un pouf, et il a dit: "Jules Duflot asseyez-vous sur le fauteuil, c'est vous le maître, et je vous pose solennellement qu'est ce que la Maya?" Alors j'ai expliqué avec grand enthousiasme. Alors quand c'est fini il m'a dit: "C'est complètement idiot de s'appeler Jules Duflot, votre vrai nom c'est Jacques La Maya". Et j'ai dis: "Pourquoi?" La Maya je le comprend, hein, et Jacques parce qu'il m'a dit qu'en hébreux ça pouvait signifier "le pouvoir de", "l'alchimie de". Alors le Jules Duflot il restait un brave nom d'état civil et l'autre c'était Jacques La Maya.
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Précisions sur le nom Jacques La Maya:
Extraits de son livre épuisé "Yoga clé de dieu, clé du monde":
MAYA.
Le fait de Maya est au centre de l'état créa­turiel en général et de la condition humaine en particu­lier. Le mot « Maya » a la même racine que tous les mots du domaine indo-européen signifiant « Pouvoir » ou « moyen de faire » ; les sens dérivés sont très sugges­tifs comme on peut le voir.
Maya, racine MAGH : idée de pouvoir. EN GREC : mêkhos : moyen ; mekhane : moyen ingénieux.
LATIN machine : invention, machinari : ma­chiner.
FRANÇAIS dérivés : machine, mécanique, méca­nisme, machination.
ANCIEN HAUT ALLEMAND : magan : pouvoir.
ANCIEN FRANÇAIS : esamier : faire perdre son pouvoir, esami : effroi, d'où français émoi.
ITALIEN : smagare : se décourager, et perdre son pouvoir. ANGLAIS : may, might : pouvoir ; dismay : effrayer. ALLEMAND : Môgen : pouvoir, môglich : possible; macht : puissance.
Comme on le voit, tous les sens tournent autour de l'idée de « pouvoir » avec ou sans nuance de tromperie, de moyen ingénieux, de machination... L'homme ne pou­vait pas ne pas être machiné, car on ne peut pas faire semblant, au stade divin, sans qu'il y ait erreur subtile et inévitable au stade humain. De sorte que l'on en revient toujours à devoir mettre l'accent sur le fait que, ici, le pouvoir en question est, pour le créateur solitaire
(un SEUL Dieu) de faire comme s'il y avait des myriades de créatures autres que Lui.
« MAYA », c'est le fait, pour l'intensité absolue de la substance divine, de pouvoir se voiler d'extensivité numérique. La conscience absolue dissimule sa présence au coeur de toutes choses, et cache le jeu du double mou­vement éternel de descente vers la matière dure, dense, négative (dévolution) et de remontée vers l'Esprit à tra­vers l'échelle ascendante du Devenir progressif (évolu­tion).
Sans la saisie du FAIT de « MAYA », on ne sait rien des origines ; avec elle, on sait tout quant à l'essentiel, car on a compris le processus de l'idéation cosmique et la naissance du mal: DE CE QUI NE VA PAS...
Une vraie révélation de ce genre est assez puissante pour ne pas être diluée par les facultés mentales si on la médite, par la raison et l'intuition, avec foi, calme et impartialité. Elle délivre son énergie libératrice et pousse à la pratique cordiale d'un Yoga intégral adapté à l'hom­me moderne — tout en respectant la nature des choses et les règles traditionnelles.
C'est en ce sens que ICI l'accent a été mis fortement sur l'essentiel de ce qu'il faut savoir avant d'aborder les aspects concrets de la pratique. C'est pourquoi ce cha­pitre est le coeur de ce livre comme Dieu est le coeur du monde. Les comparaisons utilisées n'ont pour but que de faciliter l'accès des vérités profondes à la multitude de ceux qui peinent pour devenir la lumière et la joie qu'ils sont déjà sans le savoir. De ce point de vue, cette œuvre est un acte de fraternité humaine et un geste de solidarité cosmique, car nous sommes UN en Lui.
L'unité de la totalité universelle vue sous l'angle de « Maya » est explicitée dans l'échelle des rapports rela­tifs du tableau ci-dessous.
A la base, « Maya » : non pas illusion pure et sim­ple, mais réalités échelonnées, parts de divin atténué, ni­veaux de participation à l'absolu.
Échelle des réalités profondes
Le principe divin inconnaissable, base suprême de la totalité-une peut être appelé, pour simplifier, l'Esprit (Parabrahman) ; dès lors, on peut exprimer les constata­tions expérimentales de tous les voyants-yoguis sous la forme suivante (Yoguis : ceux dont le champ de cons­cience s'est élargi à la mesure du Réel et dont le « troi­sième œil » s'est ouvert).
L'Esprit, prenant des formes et des qualités, subissant la coupure d'avec lui-même et se convertissant en relatif suivant une infinité de formules d'atténuation de sa pureté essentielle et de sa simplicité originelle devient alors LES CHOSES (l'infinie diversité des créa­tures).
L'Esprit, en tant que connaissant et distinguant une chose d'une autre, en tant qu'activité de discrimination mentale, devient alors une CONSCIENCE FINIE.
L'Esprit se centralisant en tant qu'observateur particulier des objets présents, regard limité sur un petit monde partiel, l'esprit devient alors UN MOI.
L'Esprit se centralisant en tant qu'observateur universel des infinis observateurs particuliers (les Moi-s) et à travers le Soi de chacun (atman) est alors l'ESPRIT-MONDE (Brahman actif).
L'Esprit passivement au repos autocontemplatif est le Brahman silencieux : l'ESPRIT-EN-SOI.
Ici encore, nous avons retrouvé les trois aspects du divin correspondant aux trois expériences fondamentales du Yoga (qui comporte par ailleurs un nombre indéfini d'expériences de toutes sortes) et nous n'y reviendrons pas — supposant que le lecteur est maintenant utilement saturé de ces faits et, donc, prêt à aborder l'étude des méthodes d'entraînement pratique.
Car tout cet exposé en profondeur n'a pour but que de l'aider à pratiquer — donc à résoudre tous ses pro­blèmes. Tout vie est Yoga, a-t-on dit. Mais on doit aussi affirmer : tout yoga est la voie, la résurrection et la vé­rité; accomplissement en tous domaines et non rêve de philosophe manipulant stérilement des concepts, ou jouant seulement avec des mots. Notons donc au passage :
Si nous lisons les œuvres des grands maîtres du Yoga moderne, nos contemporains : SRI AUROBINDO, VIVEKANANDA, RAMAKRISHNA, SWAMI RAMDAS, SIVANANDA, RAMANA MAHARSHI et tous ceux dont Jean HERBERT (et ses collaborateurs) nous ont fait connaître les enseignements, si nous avons ces textes sous les yeux, nous voyons qu'il est toujours question quant à l'essentiel, de ce que nous venons de résumer en ce chapitre sur le coeur du Yoga et sa raison d'être : Dieu, l'homme, l'univers, et leurs rela­tions.
L'énigme. Ce monde est la négation de ce que l'on imagine d'un Dieu créateur — son inverse.
Pour­quoi ? Comment ?
Réponse. — L'infinitude et la liberté de la Réalité suprême implique la possibilité de sa propre négation. Celle-ci se réalise dans une sorte de dimension interne ni tout à fait réelle, ni encore moins irréelle. C'est là le clair mystère de Maya — mise en scène du jeu de l'Enchanteur solitaire et paradoxe que maints mystiques ont revécu et contemplé comme le montre ce condensé de Muby ed Din ibn Arabi :
« Mais c'est Toi-même qui étais le voile sur l'œil de ton coeur, bien que ce fût par la vertu même de ta simi­litude divine ».
Lilâ, le jeu du « tout est possible ».
Le Divin n'est lié par aucun genre de limitation et il ne serait pas le Divin s'il ne pouvait manifester ce qui, pour une intelligence mentale raisonneuse, semble effec­tivement son contraire (asat, inverse de Sat, disent les Hindous).
Tous les attributs du divin peuvent donner lieu à leur « anti- » dans le relatif. C'est ce qui explique l'abon­dance et la diversité des doctrines qui dialectisent et dis­cutaillent sur les aspects du divin et du créé sans pratique de Yoga intégral.
Elles ont toutes raison et tort à la fois — comme ces cinq aveugles qui tâtent un éléphant et affirment cha­cun avec conviction qu'il est un pied ou un tronc, ou une trompe, ou une oreille, etc... et RIEN que cela, pre­nant la partie pour le tout et n'ayant aucune vue d'en­semble expérimentale de ce dont il est question.
Sans un vaste regard panoramique (que seul le Yoga rend possible et utile et spirituellement rentable) il en est de même dans tous les domaines et, en particulier, dans celui de l'existence « ordinaire », là où, comme le signa­le un connaisseur en la matière ; « Nous jouons l'un con­tre l'autre pour la possession des biens, quand nous pour­rions jouer avec le Roi qui joue sur son trône et Ce qu'il est contre notre vie et tout ce que nous sommes ; un jeu où plus on perd plus on gagne » (A. COOMARASWAMY).
Ce sont là, encore une fois, des aspects de Maya, notion-clé et fait crucial, on ne le répètera, jamais trop.
-->Maya : Moyen de toute création divine, art maternel par quoi toute chose est faite en voilant son auteur
Infiniment diverse, l'Image-Monde est peinte par le Divin sur le vaste canevas de Lui-même. En se connais­sant il devient la Totalité, mais chaque élément l'ignore tant que c’est nécessaire à la vie du Jeu.
MAYA : pouvoir du côté du Créateur, ignorance du côté de la Créature. On se cherche à l'envers. Se chercher à l'endroit, c'est tout le Yoga classique (les yogas aurobindiens vont plus loin encore, car on peut aller plus loin que simplement se retrouver en Dieu, on peut ame­ner Dieu ICI).
MAYA : lumière et obscurité. Brahman s'incarne EN et PAR Maya, et Maya l'exprime. C'est le facteur négatif d'objectivation. Un OUI formidablement positif qui s'épar­pille apparemment en milliards de « non » très relatifs ; mais si ce relatif-là n'existait, l'Absolu ne serait pas l'Absolu, car il serait lié à son absoluité. C'est l'océan qui se dilapide en milliers de gouttes d'eau et poussière d'écu­me... mais la goutte finit par retomber dans l'Océan...
MAYA : maya a été l'instrument de la servitude, mais il est aussi celui de la libération dans la joie infinie des retrouvailles. Nous y reviendrons au chapitre III consa­cré aux adaptations du Yoga à l'usage de l'occidental, zélé pour son bonheur vrai.
Comme on le voit, il serait facile de multiplier sen­tences anonymes ou citations référencées qui sont autant de joyaux ciselés dans le réel des profondeurs.
Mais le but du présent chapitre nous paraissant at­teint (et de telles citations devant être données en abon­dance dans des ouvrages futurs) il est temps de passer au stade suivant, toujours au cœur des réalités vraies, mais sous un angle plus concret en abordant la description des Yogas hindous — voies de libération — avant de mon­trer en détail ce que l'on peut en tirer d'utile pour l'oc­cidental de l'ère astronautique — pour toi, lecteur, mon ami et mon frère.
Précisions personnelles concernant le prénom Jacques:
Extrait du livre "Toulouse, capitale mystique" de Jean-Claude Danis.
De Jacob qui signifie en hébreux précisément "MESUREUR DE TEMPS".
JACOBUS, JACQUES: cabbalistiquement de IAK, racine indo-européenne du chasseur, exemple: jagen, chasser, en allemand.
LATIN: jactare, lancer; jaculum: javelot.
GREC et LATIN: BOUS, bœuf; soit "qui chasse le bœuf", étymologie qui recoupe parfaitement celle du Centaure: KENT-TAUR: qui perce le taureau...De même, Saint Jacques fut curieusement représenté dès le XIIè siècle en chevalier "MATAMORE". Or l'étymologie populaire "qui mate le maure" recouvre encore judicieusement celle du Centaure "Mata Morro" ou "Mate-Museau";
espagnol: Morro
occitan: Morre
Relation également constaté par la "Légende Dorée": "Après un signe de "Croix", les "BŒUFS INDOMPTÉS" se firent doux comme des "AGNEAUX", et guidèrent le corps de Saint Jacques jusqu'au palais, où la reine "Louve" devant le miracle, se convertit...

Saint Jacques est aussi le patron des alchimistes et le chemin de Compostelle est un chemin initiatique symbolisant la connaissance Alchimique.