Le Divin ne s'offre qu'à ceux qui s'offrent eux-mêmes à la Divinité.
Sri Aurobindo


Toutes choses sont des déploiements de la connaissance divine.
Vishnou Pourâna, 2.12.39


Toute la vie est un yoga.
Sri Aurobindo, La Synthèse des yogas - I.




Auprès de Mâ Ananda Moyî




Les règles de vie auprès de Mâ Ananda Moyî


par

Noutte Genton-Sunier




[Extrait de la revue Terre du Ciel septembre/octobre 2004]

Image de lumière et de béatitude pour des millions d'Indiens et de nombreux Occidentaux, Ma Ananda Moyî attira auprès d'elle de nombreux disciples par sa présence rayonnante, sa compassion et son esprit d'universalité.
A ceux qui résidaient dans ses ashrams, elle donna des préceptes simples et pratiques. La portée de ces règles dépasse aussi bien l'Inde que le contexte d'une communauté. Quiconque cherche à grandir spirituellement en fera son profit, et c'est dans cet esprit que Noutte Genton-Sunier — qui a laissé chez de nombreuses personnes la marque de sa pénétration spirituelle — nous les commente ici. 



En 1968 Mâ Ananda Moyî a édicté des règles pour les membres de son propre ashram. Je précise que Mâ n'admet dans son ashram que des hindous, contrairement à d'autres ermitages de l'Inde qui reçoivent des Occidentaux. Elle a voulu ainsi préserver la tradition stricte de son pays et elle a eu raison ! Les Occidentaux peuvent habiter tout autour de l'ashram ; il y a des moments où l'on peut la voir, la consulter, mais pas dans l'ashram. Elle qui voit Dieu en tous et en chacun, qui connaît l'unité fondamentale et radieuse de l'univers, sait cependant qu'il y a des formes, des mentalités, des structures à ne pas mélanger. Swami Vivekânanda lui aussi avait eu cette parole si juste : « Si vous allez chez des hindous, faites-en de meilleurs hindous, si vous allez chez des mahométans, faites-en de meilleurs mahométans -, si vous allez chez des chrétiens, faites-en de meilleurs chrétiens. »
Chaque chemin a sa valeur et sa vérité propres qui conviennent à ceux qui l'ont reçu pour le suivre ; et chacun d'eux conduit au même but. On ne doit pas mêler toutes les formules, ni toutes les piétés, même si, toutes, elles viennent du même Être, de la Lumière Unique.
Dans l'Inde elle-même, si vaste et si diverse, c'est également impensable. Elle compte elle aussi tant de styles différents, d'écoles et de structures variées qui ne s'opposent pas forcément les unes aux autres, mais qui sont autres, tout en se complétant, et il faut savoir les garder dans leurs richesses particulières. C'est ainsi que les ashrams de Mâ sont réservés aux hindous dont la mentalité n'est pas du tout la nôtre, et en voici le, règles essentielles, extraordinairement belle,. Nous allons nous pencher sur elles et les interroger.


1 « Lorsqu'une personne plus âgée ou un supérieur parle, ne l'interrompez pas pour commenter ce qui vient d'être dit. Ne donnez votre avis que si on vous le demande. Si vous avez quelque chose à dire sur la question, vous pouvez plus tard, en privé, dire à votre aîné : telle ou telle idée m'est venue à ce sujet. »

  Premièrement ceci, qui nous surprend peut-être un peu : Une fois encore la politesse, une fois encore le respect ! C'est l'un des traits qui caractérisent Mâ, son exquise délicatesse ! Quand elle reçoit des hôtes, elle n'a jamais assez contrôlé à la cuisine ou ailleurs que tout soit juste, que tout soit bien. Elle-même, qui est très bonne cuisinière et qui a beaucoup cuisiné dans sa vie, va goûter les mets, inspecter toutes choses pour être sûre que ce soit parfait.
  Cette politesse, elle a un sens et elle va loin ! Quand on prend l'habitude d'interrompre ses aînés ou ses supérieurs, on coupe aussi sans s'en douter la parole à Dieu qui nous parle. Cette remarque très simple a l'air d'une boutade, mais elle est terriblement vraie ! Lorsqu'un « aîné », comme Mâ elle-même peut-être, expose un sujet qu'il connaît et dont il a fait l'expérience, lorsqu'il a éprouvé dans sa vie, par son ascèse et sa pratique, certaines réalités supérieures, la science intime des Védas ou des Upanishads, il est non seulement impoli mais faux et nuisible à nous-même de l'interrompre parce qu'une idée nous traverse la tête ou que nous avons le désir de discuter, de donner notre opinion. Il se produit alors effectivement comme un court-circuit, rompant le courant qui passait, le renseignement qui se donnait, la parole qui, peut-être, descendait de bien plus haut que le mental, tel un mantra venu du Verbe de Vérité. Ceci est vrai également pour les actes où, par notre irréflexion et notre hâte à réagir sans comprendre, nous cassons le fil de la Grâce qui s'offrait à nous.
  Les aînés sont tout ce qui peut nous instruire et nous guider, qu'il faut dès lors s'efforcer de recevoir en silence et en l'honorant. Nous avons tout à apprendre, tout ! Et Dieu nous enseigne Sa beauté quand notre pensée est remplie d'une adoration docile et muette, pas à pas, tout au long de notre sentier.
  La politesse est beaucoup trop négligée partout dans le monde, principalement depuis la dernière guerre. Et Mâ Ananda Moyî a raison une fois de plus de mettre son doigt divin sur notre plaie ! « Si vous écoutez un aîné, même si vous avez une idée qui vous traverse la tête, ne l'interrompez pas, ne dites rien, ne discutez pas ; peut-être après, en privé, vous pouvez dire : à propos de tel sujet il m'est venu telle idée ». Et je suis sûre que dans la pensée de Mâ, il y a ce prolongement qui monte jusqu'à la parole de Dieu en nous. En discutant, en analysant les circonstances, les gens, nous alimentons notre mental, nous le grossissons et le fortifions, devenant par là incapables d'entendre l'Esprit.
  Kunti servait parfaitement le Brahmane comme s'il était un vrai Dieu, avec au cœur un amour total et pur. Le service silencieux est le plus sûr chemin de la Vérité, de l'illumination bienheureuse.


2 « Si un aîné ou un supérieur parle à quelqu'un d'autre, il ne faut le déranger ni en intervenant ni en bavardant. Si vous avez quelque chose d'important à ajouter, attendez que votre aîné ait fini de parler. »

  Cet aîné ne l'est pas forcément en âge, il l'est le plus souvent en maturité intérieure. Il est l'adulte du Mahâbhârata, celui dont l'âme est versée dans la connaissance des Védas, qui pense et qui agit du haut de Brahman, de Bhagavan, le Bienheureux, comme dit Mâ !
  Le respect et surtout l'écoute. Dans l'Apocalypse, il est une phrase qui revient comme un refrain à la fin de chacune des Lettres écrites par l'Esprit aux sept Eglises : « Que celui qui a des oreilles entende ce que dit l'Esprit ». Chaque Eglise est un plan de notre conscience auquel le Seigneur s'adresse pour le purifier et l'enfanter à sa transfiguration. Si nous discutons tout le temps, comment Dieu peut-Il nous parler ? Il faut que l'homme apprenne à se taire pour qu'un jour la voix du Seigneur puisse s'élever en lui. Elle est l'Aînée, cette voix qui nous vient du fond des temps, du plus profond de nous-même. Ainsi ces supérieurs, ces aînés qu'il faut laisser s'exprimer sans les interrompre, sont une préparation au silence secret de notre âme, capable enfin d'écouter Dieu. Bien souvent d'ailleurs, lorsqu'on s'est tu au lieu de se lancer dans une controverse ou un discours, on s'aperçoit que ce que l'on aurait voulu dire n'était pas si important ! II est merveilleux de s'en rendre compte et d'en prendre conscience, car la vie spirituelle est une continuelle prise de conscience qui monte vers le sommet d'une intensité totale où la Lumière divine a envahi toute la perception. La conscience elle-même est redevenue la Lumière. Telle est la progression des Védas, la naissance par l'Esprit, notre croissance dans Sa Vérité. Or prendre conscience, c'est se recueillir pour écouter et l'on ne prend jamais mieux conscience qu'en se taisant, qu'en adorant, qu'en laissant Aum chanter en soi. Au terme de cette brève analyse, le respect des « aînés » sur la terre devient la piété envers le Seigneur au fond de soi, et le chemin des hommes est le chemin de Dieu, sa profonde réalité.


3 « Dans une conversation avec un compagnon, il ne faut ni se moquer de quel­qu'un ni critiquer les autres. »

  Ceci est assez frappant ! Avez-vous remarqué que dans ces trois premières règles il est toujours question de parler ?
  Shrî Aurobindo et Shrî Râmakrishna ont coutume de dire : « L'homme devient ce qu'il pense ». Et Mâ Ananda Moyî a l'air de conclure : « L'homme devient ce qu'il dit ». C'est terriblement vrai ! Nos paroles ont une importance immense et nous n'y prêtons pas assez d'attention. Surveiller ce qu'on dit et le moment où on le dit. Se taire au lieu de discourir, se taire lorsque Dieu nous parlera, c'est une étude, c'est un travail, un effort continu de chaque instant, une maîtrise de soi, donc une force de l'âme. Au respect envers l'aîné s'ajoute maintenant la discipline, la correction des rapports entre les disciples et les êtres humains : « Dans une, conversation avec un compagnon, il ne faut ni se moquer de quelqu'un, ni critiquer les autres ».
  Sans en avoir l'air, la moquerie est peut-être l'une des choses les plus destructrices de la vie, et il y a des gens qui en font profession, qui vraiment s'amusent à tourner en ridicule tout ce qui est dit, tout ce qui est fait , leur intention n'est sans doute pas méchante mais le fait même de ridiculiser les actes, les attitudes, les propos des autres, anéantit bien souvent ceux qui sont visés, leur fait mal. Ici aussi, n'oublions pas qu'en se moquant des hommes on finit par atteindre Dieu en soi. La gaieté est saine, la moquerie est malsaine.
  Ne pas critiquer non plus. Ici, nous retrouvons Jésus « Ne jugez pas afin de n'être pas jugés ». J'aimerais expliquer ceci de la manière suivante nous ne pouvons pas juger parce que nous savons si peu, parce que nous connaissons si mal et d'une façon si restreinte. Dieu seul est juge, car Lui sait tout, II possède toutes les données des problèmes et Sa vision de nos vies est parfaite, différente, essentiellement, de la nôtre. Voilà pourquoi Mâ Ananda Moi disait : « Quoi que vous me racontiez, quelle que soit la douleur qui est la vôtre, je ne parviens pas à voir autre chose que Dieu en vous, le Bienheureux Seigneur ! Mais cependant votre peine me touche ».
  La critique que nous faisons des autres donne la mesure de ce que nous sommes nous-même. Rappelons-nous de cela ! Certes, dans le travail, il faut voir et juger, il faut corriger mais ceci est autre chose, c'est la compétence, qui naît de l'expérience et aussi d'une grande exigence envers soi-même. Face à la vie, face aux êtres, la meilleure attitude est de chanter Dieu et de l'aimer.
   « Aum Shrî Ram,
   jay ay Râm, jay jay Râm.
  Aum Shrî Mâ, jay Ma, jay jay Mâ. »
  De là naît la vraie compréhension et la parole juste, douce, qui réconforte, qui réunit et qui réjouit le Seigneur au-dedans de nous-même et en tous.


4 « II ne faut parler ni en bien ni en mal de quelqu'un envers qui l'on éprouve un certain antagonisme. »

  Ni en bien, ni en mal ! Ceci dénote une psychologie extraordinaire, parce que, en effet, lorsqu'on se trouve en antagonisme avec quelqu'un ou quelque chose, même le bien qu'on en dit peut être un venin !
  Acquérir l'habitude de ne parler ni en bien ni en mal, c'est apprendre à dépasser les dualités, ce que nous avons tant de peine à réaliser. Constamment nous sommes confrontés intérieurement avec ces deux pôles de notre nature : l'attraction et la répulsion, la sympathie et l'antipathie, l'harmonie et l'antagonisme. Nous ne savons pas toujours pourquoi quelqu'un nous plaît et tel autre pas, telle parole nous exalte et telle autre nous abat, pourquoi telle situation ou tel geste nous remplit d'enthousiasme ou, au contraire, d'irritation. Pour avancer d'un pas vers la félicité, il faut surmonter sans cesse l'idée du bien et du mal, rechercher l'Unité dans la Plénitude de la Vérité. Quel merveilleux travail que la mise en pratique de toutes ces règles ! Elles contiennent l'enseignement-même de la Bhagavad Gîtâ, du Bienheureux Seigneur Krishna.


5 « Ne jugez pas vos compagnons, et n'en discutez pas avec les autres. »

  Ceci est une règle monastique qui se retrouve partout dans le monde ; elle est le commencement de la sagesse, car seul Dieu est juge. En fait, il est beaucoup plus facile d'aimer tout simplement : « Tu es une créature du Seigneur toi aussi, qui que tu sois ». S'abstenir des réactions personnelles, laisser s'illuminer dans le silence intérieur tout ce qui advient. C'est ainsi seulement que peut s'établir en nous peu à peu l'équanimité si puissante de l'Esprit. Le silence qu'on s'impose à soi-même devient Vérité. Il rayonne autour de nous et il s'établit automatiquement quand c'est nécessaire.


6 « Si quelqu'un vous insulte, ou vous accuse injustement, pensez : "Seigneur, Vous venez de me donner une leçon. Puissé-je de nouveau Vous donner satisfaction." Ne haïssez pas la personne qui vous a blessé. »

  C'est une autre façon de dire : « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre » (Mats. 5, 39).
  Cette sixième règle est extrêmement juste et puissante ! Quand la vie nous blesse – et elle nous blesse continuellement –, quand les gens nous heurtent, même sans le vouloir, au lieu d'en être irrité, révolté, tournons-nous vers le Seigneur et disons-Lui : « Vous m'avez donné une leçon que je ne comprends peut-être pas, mais permettez que je Vous donne de nouveau
satisfaction ». C'est cela « pardonner » aux autres et à soi-même, s'alléger divinement pour demeurer face à face avec la Lumière qui nous délivre, nous éclaire et nous permet de nous élever vers le Seigneur. De cette manière, toute raison d'irritation tombe et le coeur, la pensée, peuvent ouvrir leurs ailes dans l'Infini.


7« Ne pensez ni ne dites rien de désagréable sur autrui. »

  Cela aussi, c'est le soulagement du pardon. En général, quand on dit quelque chose de désagréable sur autrui ou à autrui on en est malheureux soi-même On se le reproche plus ou moins, on ne se sent pas à l'aise, en fait, on s'est lésé soi-même il faut se souvenir de cette leçon-là ! Le mot ou le geste désagréable que nous projetons sur d'autres nous fait d'abord mal à nous-même. Au lieu d'avancer vers la paix et la clarté spirituelles, nous régressons. Nous acceptons difficilement notre faute, elle nous afflige, puis nous cherchons involontairement à nous en justifier. Dès lors, nous sombrons dans un dédale mental dont nous avons mille peines à nous sortir. Des mois ou des années peut-être nous seront nécessaires pour être libérés, lavés d'une phrase, d'un mouvement d'humeur qu'un peu d'amour et de maîtrise de soi eussent évités. Les querelles du monde, les perplexités de notre mental n'ont pas d'autre origine. Guérissons-les en chantant Dieu, toujours, dans notre coeur.


8 « Soyez véridique en paroles et en actions. »

C'est évidemment l'essentiel ! Être vrai dans ce qu'on dit, dans ce qu'on fait; s'abstenir quand on n'est pas sûr de pouvoir l'être, car, bien souvent : où est la Vérité ? Dieu Seul la connaît et Son Silence en nous. « Soyez véridique en paroles et en actions » : sincère, ne tolérant ni l'astuce, ni la ruse, ni le mensonge. La Vérité c'est aussi l'humilité, la simplicité la plus parfaite.


9 « Parlez peu, et seulement lorsque c'est nécessaire. »

  En voilà une leçon ! II y a des professions où c'est indispensable ; si on se laissait aller à parler trop et tout le temps, le travail deviendrait impossible. Mais c'est vrai dans la vie spirituelle surtout, où la discrétion, la retenue, sont la condition du progrès, de l'authenticité.


10 « Soyez toujours de bonne humeur. »

  « Soyez toujours joyeux », affirme lui aussi l'apôtre Paul. Car la joie est la nature même du Divin et elle demeure une des règles fondamentales de la piété.


11 « Restez calme, serein, ferme et sérieux. »

  Restez sérieux. A ma connaissance, Mâ est la seule à employer cet adjectif-là, qui rejoint son rejet de la moque­rie. Il ne s'agit pas de se divertir !
  Certes, la vie est le Jeu divin, la lîlâ du Seigneur, mais la contrefaçon de cette lîlâ, qui est l'amusement des hommes, ne reflète pas bien ce Jeu sacré. Être sérieux veut dire être attentif, non pas triste, mais concentré sur ce que Mâ nommera tout à l'heure « la Quête suprême », la recherche de Dieu. Être sérieux, c'est aussi être sincère et persévérant, ambitieux, tenace dans notre travail intérieur. Car en fait, la recherche de Dieu est la découverte de notre réalité profonde, essentielle et totale, qui seule peut nous assouvir et nous donner la paix.


12 « Parlez avec calme, fermeté, sérénité, et avec une considération égale pour tous. »

  Encore le respect, et toujours parler ! Mâ semble vraiment dire et penser que notre façon de nous exprimer est pour une bonne part dans ce que nous devenons, et je sais qu'Elle a raison ; quand on se laisse aller, dans les périodes douloureuses de la vie peut-être, à parler trop, plus rien ne va. Le silence, le recueillement, le chant de Dieu valent beaucoup mieux que les discours. Et l'apôtre Jacques précise : « Si quelqu'un ne bronche point en paroles, c'est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride » (Ep. de Jacques 3,2).
  Et puis : la considération égale pour tous est le juste respect de la créature de Dieu, quelle qu'elle soit ; elle est le vrai chemin de la piété qui conduit à la vision divine, ainsi que nous le démontre Kuntî, l'amour de la création tout entière et de ses lois qui viennent de l'Eternel-Esprit, la douceur simple et joyeuse de la sainteté.


13« Ne chérissez que ce qui touche à la Quête suprême.»

  « Avoir un grand amour pour le But à atteindre », c'est ainsi que commence le raja-yoga de Patanjali.
  Pas d'impatience, pas de pleurnicheries : « Quand est-ce que j'arriverai au but ? Quand est-ce que je connaîtrai ceci ? Quand est-ce que je connaîtrai cela ? » Non. « Chérissez ce qui touche à la Quête suprême ! » Aimez Dieu.
  Il faut servir la Vérité, que nous ne connaissons pas, regarder le plus haut possible en soi-même, toujours plus haut vers l'Infini. C'est d'un grand secours. Car notre mesquinerie nous étouffe. Seule la générosité de l'âme nous garde serein, calme et ferme aussi, dans l'équanimité. Les degrés de la Quête suprême sont les qualités de l'Esprit dont l'ascension vers l'Immensité s'alimente de notre adoration.


14 « Votre conduite doit être courtoise et exemplaire. »

  Encore une fois le comportement et la politesse, car la courtoisie est aussi l'amour et la maîtrise de soi ; « exemplaire » n'est point celle qui veut dire servir d'exemple, mais qui peut être un modèle, inconsciemment. Autrement dit, il doit y avoir en nous une recherche de perfection constante et en toutes choses, la simplicité d'un état d'obéissance au Divin, naturel et spontané. « Soyez donc parfaits comme votre Père Céleste est parfait » (Match. 5,48).


15« Dans tout ce que vous dites, soyez honnête et franc.»

  C'est-à-dire bon. Car la bonté est honnête, elle ne trompe personne et la franchise née de la piété est bienfaisante, sans critique et sans orgueil, pleine de compréhension et de joie. Elle donne la franchise, le courage d'aller de l'avant, elle nous libère en Dieu !


16 « La recherche de la vérité doit se poursuivre à chaque instant. Lorsque les forces accumulées par la pratique continuelle de la discrimination entre le réel et l'irréel, par le japa, la méditation, l'assistance aux cérémonies reli­gieuses, l'étude des textes sacrés, les hymnes de louange au Seigneur – selon la ligne d'approche de chaque être – amènent le disciple à être obsédé par la Quête suprême, alors il devient impossible de ne pas se souvenir de Dieu. »

  « Se souvenir de Dieu ». Voici l'une des plus belles paroles de toute la Sagesse hindoue.
  « Se souvenir de Dieu », c'est chanter Son Nom, méditer, prier, étudier les textes sacrés, assister aux cérémonies religieuses, trouver au-dedans de nous-même la tonique juste de notre piété, l'accent vrai de notre adoration qui marche et qui grandit avec nous, faisant partie intégrante de notre être. Alors nous devenons vraiment Un avec le Seigneur.


« En conséquence, sottise, connaissances erronées et souffrances dispa­raissent. »

  Quand l'homme se souvient vraiment et toujours de Dieu, l'ignorance l'abandonne et il naît à l'intelligence supérieure de l'Esprit.
  « La qualification d'être humain signifie aspirer à la réalisation de Dieu. La vocation de l'homme est de trouver Dieu ! »
  « On ne peut guère aller plus loin : la vocation de l'homme est de trouver Dieu. Nous sommes sur la terre pour cela seul ! Notre destinée est d'apprendre, nous sommes promis à la connaissance et c'est notre devoir de nous ouvrir à Dieu. Ainsi seulement nous nous connaissons nous-même aussi dans la réalité de notre nature originelle, totale et dernière qui est l'Esprit et qui est Dieu, la Toute-Lumière de la Vie.

  Telles sont les règles de l'ashram pour Mâ Ananda Môyi, règles admirables dans l'Unité de leur saveur et de leur simplicité parfaites.

Pour aller plus loin :

- L'Enseignement de Mâ Anandamayi, trad. de Josette Herbert, Ed. Albin Michel

De goutte Genton-Sunier, on pourra lire :
- Une offrande de nous-même
- Foi chrétienne et spiritualité hindoue
- Quelques aspects d'une sâdhanâ

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